
Pour protéger les plus vulnérables, il est urgent d’entamer une
analyse sociale des populations menacées ou victimes de la
pandémie de covid.19
Au 7 mai, deux types d’analyses sont proposées par les experts et le Gouvernement : une analyse sanitaire et une analyse économique. Parfois, certains rajoutent des nécessités « humaines ».
Ce qui est complétement absent, c’est une analyse sociale de la manière dont la pandémie touche(rait) les « populations vulnérables ».
C’est pourquoi, nous entamons ici une simple observation de tous ces lieux de vie individuelle, collective, volontaire ou forcée, qui sont concernés…
Dans notre Communiqué n°1, nous avons qualifié les 100.000 sans-papiers comme un des angles morts de la gestion du covid-19 en Belgique. Depuis lors, plusieurs prises de position publiques rappellent –si besoin était- qu’ils ne sont pas les seuls. Il nous semble important d’objectiver qui sont les populations vulnérables ?
Rappelons d’abord la prise en compte tardive des Maisons de Repos et de Soins …
Pourtant, le risque était évident et ne pouvait pas être méconnu : les personnes y sont concentrées ; avec de nombreux facteurs de comorbidité ; elles sont très âgées (et donc très sensibles au virus) ; le personnel soignant ne disposait pas du matériel de protection nécessaire, s’épuisait à la tâche et contribuait sans doute à véhiculer le virus d’une chambre à l’autre ; les hôpitaux étant saturés, certains auraient même témoigné que ces vieillards – « qui allaient de toute manière décéder vu leur âge avancé » – n’y étaient pas prioritaires.
Le résultat : plus de 50% des personnes décédées en Belgique sont mortes dans les Maisons de Repos et de Soins (environ 4.000 personnes à cette étape). Leur prise en compte par les
statistiques officielles de Sciensano a pour une bonne part été tardive, voire rétroactive !
Comment expliquer ce retard de prise en compte des MRS … et éviter de découvrir de nouvelles populations vulnérables a posteriori plutôt que d’avoir une politique de prévention ?
Ne faudrait-il pas faire une analyse sociale des occupants de ces MRS qui sont décédés ?
Lorsque des adultes sont en perte d’autonomie, qui a les moyens de rester à domicile, dispose d’une maison assez large, d’un jardin, et peut payer des aides à domicile ? Et évite ainsi la contagion ?
Dans LE SOIR du 9 mai, la Ministre Wallonne1 affirme que « En Wallonie, deux tiers des centres d’hébergements n’ont pas été touchés par le Covid-19. ». Lesquels ont été touchés (1/3), lesquels ne l’ont pas été (2/3) ? Quelles étaient les caractéristiques sociales comparées des populations des institutions concernées dans les 2 cas ?
Y a-t-il des différences de mortalité entre les MRS occupées principalement par des personnes de condition modeste (par exemple soutenues par un CPAS) et celles qui vivent dans des sortes de sénioreries privées, disposant de grandes chambres et d’un encadrement sanitaire (coûteux) très développé ?
L’absence de prise en compte de la question sociale, l’absence de statistiques sociales dans les rapports de Sciensano
Nous relevons ici l’absence de statistiques sociales dans les bulletins statistiques de Sciensano. Pourtant, plusieurs experts relèvent l’absence de prise en compte suffisante de la question sociale aujourd’hui aujourd’hui :
Dès le 5 mai, Céline Nieuwenhuys2 , de la Fédération des services sociaux, seule représentante du secteur social dans le GEES, regrette – elle aussi – l’absence de toute communication sur le volet social.
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